Connaissance et motivations.
Qu'est-ce que l'épistémologie ?

Ce concept est central dans la pensée diélienne et il est nécessaire dans la proposition de l’introspection des motivations. Son étymologie est grecque, il est formé de deux mots : épistêmê et logos, qui signifient respectivement la science, le savoir, et le discours, la parole. Il s’agit donc d’un mot qui recouvre notre interrogation sur nos capacités de savoir et les limites de notre esprit à connaître.
Que désirons-nous savoir et ce dès le plus jeune âge ? «  D’où venons-nous, d’où vient que quoi que ce soit existe, où  allons-nous après notre vie éphémère et  qu’ avons-nous à faire de notre vie » sont les questions essentielles que nous nous posons.
Malheureusement, les adultes répondent aux questions des enfants par des affirmations dogmatiques dont ils ont eux-mêmes hérité, sans se demander si nous pouvons vraiment savoir ce qui est avant et après notre monde sensible. C’est le domaine du métaphysique, au sens étymologique « après la physique », et dont la physique, qui explique le monde sensible, ne s’occupe pas car elle sait ne pas savoir le faire, « reconnaissant que le principe de l’existence de la vie est inexplicable, mystérieux. » (La divinité, petite bibliothèque Payot, page 38.)
Dans son livre La divinité, Diel, pour expliquer le symbole Dieu part de cet effroi devant l’insondable mystère de l’existence  et définit le « mystère » comme « la limite de la compétence de l’esprit humain. »(La divinité, page 38). Les mythologies dérivent de la conviction qu’on ne peut parler que par images et symboles du mystère de l’existence et les noms des divinités des différentes religions disent aussi bien la dimension métaphysique que la dimension éthique de la vie humaine.
Croire savoir ce que l’esprit humain ne peut pas savoir est source d’angoisse car le pôle ambivalent de la vanité de savoir est le doute. L’épistémologie est donc bien une branche de la psychologie introspective puisque Diel propose de sonder les motivations de la croyance. En cela, il rejoint Socrate dont une des paroles majeures est la suivante : «  Ce que je ne sais pas, je n’imagine pas non plus le savoir. »
Quels sont donc les motifs qui nous poussent à affirmer savoir ce que nous ne pouvons pas savoir ? La vanité de l’intellect qui prétend que rien ne lui résiste et qui tel Prométhée vole le feu aux dieux ; son accusation et sa plainte que la vie est mal faite s’il n’y a pas de réponse aux questions métaphysiques.
Et pourtant, rien n’est plus apaisant, selon Diel, que d’admettre que le mystère est mystère et que notre esprit peut explorer, ce qui est dans ses compétences, le monde extérieur et le monde intérieur.
La dimension épistémologique de la pensée de Diel est le préalable à toute introspection : il s’agit effectivement de bien délimiter le domaine du travail sur soi, à savoir l’analyse de ses désirs en partant du désir le plus profond qui est celui de répondre aux interrogations sur l’origine et la finalité de la vie humaine.
Et c’est ainsi que s’achève La divinité : «  Même en remontant jusqu’à la limite extrême de sa compétence, l’esprit humain ne saura pas découvrir la source mystérieuse de l’existence, qui n’est pas transcendante à l’espace et au temps mais à l’entendement humain. Elle est mythiquement personnifiée et nommée « Dieu », symbole de l’innommable mystère.
L’analyse de l’image « Divinité »n’est autre que l’analyse de l’intime fonctionnement psychique qui a créé le symbole « Divinité ». »

Isabelle Canouï septembre 2014